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Thibaud

Un face-à-face inattendu

Depuis déjà près de 4 ans je sillonne la savane africaine. En Afrique du Sud ou au Botswana.
Et il n’y a rien que je préfère mieux que de faire des randonnées en plein bush. Me retrouver en totale immersion dans cet environnement à la fois sauvage et imprévisible.
Imprévisible oui car à chaque instant nous pouvons nous retrouver face à un animal ; que ce soit une antilope, un buffle ou bien une tribu de lions. C’est le seul moment de ma vie où je me sens vraiment vulnérable et pleinement vivant.

Et c’est justement ce qu’il m’est arrivé il y a quelques semaines.
Cela faisait plusieurs heures que mon groupe et moi marchions sans avoir presque vu aucune bête. Pas même un impala ou un koudou. Rien. Les animaux avaient comme disparu.
Cela arrive parfois dans la savane. Les animaux ne sont pas à disposition de l’Homme comme dans un zoo.
Il était midi. Nous étions fatigués. Nous avions très faim et hâte d’arriver au camp pour mettre les pieds sous la table.
Il nous restait une rivière à sec à traverser bordée par différentes espèces d’arbres. Dont beaucoup d’acacias.
Nous approchions d’un énorme figuier sycomore quand, sans nous y attendre, deux fauves ont surgi de par et d’autres et fait un bon d’environ un mètre.
Nous venions sans nul doute de les réveiller. Il faisait une chaleur étouffante. La sieste à l’ombre des cimes touffues était ce qu’ils avaient de mieux à faire pour préserver leur énergie.
Voilà donc que nous faisons face au roi et à la reine de la savane. Et pour certains dans le groupe c’était bien la première fois qu’ils vivaient une pareille situation. Il faut dire que ce n’est pas commun.
Mon ami Massimo et moi devions désormais gérer cette rencontre inattendue.
Face à un tel animal, la première règle à connaitre est qu’il ne faut surtout pas courir pour fuir. C’est le meilleur moyen de réveiller son instinct de chasse. Et de finir en steak.
Nous sommes donc restés droits et sûrs de nous face à ces deux fauves qui n’ont pas hésité à nous montrer les crocs. Et on les comprend. On vient sur leur territoire sans leur demander la permission aussi.
Après quelques secondes de face à face, la lionne a fini par prendre la poudre d’escampette et disparaitre dans les herbes hautes.
Désormais, nous devions absolument éviter que le male nous charge. Car si cela devait arriver nous devrions dégainer nos fusils, charger et tirer. Et en tant que guide de safari, c’est une issue qui nous parait inconcevable. Jamais de ma vie je ne pourrais abattre un animal. Et pourtant on sait tous que c’est le risque que nous prenons en embrassant cette carrière.
Massimo et moi agitions nos bras et hurlions pour tenter de montrer à ce fauve notre supériorité pendant que le reste du groupe derrière nous assistait à cette scène surréaliste.
Après trente secondes de tensions extrêmes (et dieu sait que c’est long dans ces moments-là), le lion finit lui aussi par fuir. Tout en continuant à jeter quelques regards dans sa fuite.
Beaucoup de gens pensent que les fauves sont des bêtes assoiffées de sang qui tuent tout ce qui bouge. Or, les lions tout comme les léopards ont bien souvent plus peur de nous qu’on a peur d’eux.

Lors des multiples randonnés que j’ai pu faire en 4 ans, je suis sur qu’il y a de nombreuses fois où je suis passé à coté d’un animal potentiellement dangereux sans jamais m’en apercevoir.
En nous voyant arriver ils préfèrent souvent rester cacher, tapis derrières la végétation dense.
Mais l’Homme aime bien attribuer des  mauvaises réputations aux animaux. Ca le rassure peut-être.